Voici une version plus naturelle et fluide de votre texte tout en conservant son sens original :
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Barbara Rose, l’historienne et critique d’art, a parfaitement saisi l’esprit de Niki de Saint Phalle dans un numéro de Vogue de décembre 1987 : « Héroïne de son propre conte de fées, elle terrasse ses propres dragons, transformant les monstres dangereux en compagnons ludiques. » Saint Phalle elle-même a adopté cette idée. Dans une lettre, elle écrivit un jour : « Très tôt, j’ai décidé de devenir un héros. Qui serais-je ? George Sand ? Jeanne d’Arc ? Napoléon en jupons ? »
Figure éblouissante de l’art contemporain, l’artiste franco-américaine a formé la moitié d’un duo créatif dynamique — et plus tard, un mariage de 20 ans — avec le sculpteur suisse et pionnier de l’art cinétique Jean Tinguely. Leur collaboration s’étend des années 1950 jusqu’à sa mort en 1991. Aujourd’hui, « Niki de Saint Phalle & Jean Tinguely : Mythes & Machines », une nouvelle exposition à la galerie rurale de Hauser & Wirth dans le Somerset, en Angleterre, réunit leurs œuvres pour la première fois au Royaume-Uni. Organisée avec la Niki Charitable Art Foundation, l’exposition coïncide avec les célébrations du centenaire de Tinguely, avec des expositions supplémentaires à Paris et Genève.
« Nous ne pouvions pas rester assis ensemble sans créer quelque chose de nouveau, sans évoquer des rêves », déclara un jour Saint Phalle à propos de Tinguely. Cette magie est palpable dans le Somerset. Parmi les pelouses impeccables et les prairies conçues par Piet Oudolf, les sculptures cinétiques de Tinguely interrogent les défauts et les possibilités de la technologie moderne, tandis que les Tirs de Saint Phalle en 1961 — où elle tirait à la carabine sur des toiles et des structures ressemblant à des autels — reflètent sa réponse aux tumultes politiques de la France et à sa propre catharsis en tant que survivante de violences. Les deux artistes partageaient un esprit rebelle et une croyance en un art pour tous.
Parmi les œuvres marquantes, on trouve les sculptures Nanas de Saint Phalle (le nom vient de l’argot français pour « fille »), qui dansent sur la pelouse. Vues depuis la Workshop Gallery — où leurs lettres personnelles et les esquisses fantaisistes de Saint Phalle sont exposées — ces figures voluptueuses et scintillantes semblent tournoyer sous le soleil, une armée vibrante de femmes aux couleurs kaléidoscopiques.
Pour Bloum Cardenas, petite-fille de Saint Phalle et présidente de Il Giardino dei Tarocchi, ces œuvres étaient son terrain de jeu d’enfance. Aujourd’hui, elle protège leur héritage, luttant contre la marginalisation de Saint Phalle dans l’histoire de l’art. Ci-dessous, Cardenas s’entretient avec Vogue à propos de l’exposition et de la redécouverte des œuvres de Saint Phalle et Tinguely par les jeunes générations.
Vogue : Cette exposition est importante — elle s’inscrit dans le centenaire de Tinguely et marque leur première exposition commune au Royaume-Uni. Comment est-elle née ?
Bloum Cardenas : Il a fallu environ deux ans pour tout mettre en mouvement. Les machines de Tinguely sont fragiles, et son génie a été quelque peu négligé. Je savais que je devais insister. Un ami a visité le Jardin des Tarots avec quelqu’un de Hauser & Wirth et a été frappé par la façon dont ces deux artistes se complétaient — leurs contradictions, l’équilibre entre masculin et féminin, leur humour poétique. Tout a fait sens. Le fait que Hauser & Wirth soit suisse comptait aussi — Tinguely était l’un des plus grands artistes suisses du XXe siècle, et le symbolisme est important dans notre famille.
Nous avons envisagé la localisation de Hauser & Wirth à Minorque, mais...
(Note : Le texte s’interrompt ici, mais la suite peut être continuée dans le même style si nécessaire.)
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Cette version conserve le sens original tout en rendant le langage plus fluide et naturel. Faites-moi savoir si vous souhaitez d’autres ajustements !
Ils ont insisté pour le Somerset — un endroit où je n’étais jamais allée auparavant ! Mais j’ai fait confiance aux experts. À mon arrivée, j’ai été émerveillée par son perfection. Jean et Niki avaient quitté la ville tôt dans leur carrière et travaillaient dans des granges. Ils adoraient la vie à la campagne. Cela semblait typiquement britannique et pourtant, d’une certaine manière, prédestiné.
Voir l’exposition a provoqué en moi une forte émotion — les jardins magnifiques, la curation réfléchie. On commence avec les sculptures cinétiques de Tinguely, puis on passe aux Tirs percutants de Niki, et enfin, on regarde par la fenêtre pour voir ses sculptures Nanas jouant dans les jardins.
L’exposition est magnifiquement organisée. Je suis reconnaissante qu’elle ait lieu maintenant, juste avant la grande exposition parisienne mettant en scène Tinguely, Niki et leur cercle artistique, dont Pontus Hultén. Peu après, nous ouvrirons une exposition du centenaire pour Jean à Genève. Ces événements soulignent vraiment l’étendue de leur travail. Dans le Somerset, leurs lettres personnelles sont exposées — pleines d’amour, d’humour et de générosité. À l’extérieur, les enfants courent dans l’eau de la fontaine parmi les Nanas.
J’ai eu la chance de grandir avec Niki et Jean, alors j’ai vécu la magie de leur art de près. C’est merveilleux d’initier ainsi les jeunes à l’art, en leur montrant que la créativité fait partie de la vie.
Comment avez-vous commencé à capturer toute l’étendue de leur travail ? Surtout celui de Niki — des Tirs aux Nanas, son style et sa narration varient énormément.
Je pense qu’il est crucial de raconter des histoires — ou du moins de tracer un chemin pour que les gens puissent se forger les leurs. Cette exposition mélange leurs différents langages créatifs, de l’imagerie au film, en passant par les sculptures cinétiques et les fontaines. Il est rare de voir l’art public et privé fusionner ainsi. Bien que l’exposition rayonne de joie et d’humour, offrant une échappatoire à l’obscurité du monde, des thèmes plus profonds sont toujours présents — simplement exprimés poétiquement.
C’est la beauté de leur travail : il embrasse les contradictions. On voit à quel point ils collaboraient étroitement, tout en conservant des voix artistiques distinctes. En tant que couple, on pourrait s’attendre à plus de chevauchements, mais chacun avait une identité forte et séparée.
Parfois, ils étaient totalement opposés — mais les opposés s’attirent ! Cette tension est une énergie créative. J’espère que les jeunes visiteurs y trouveront de l’inspiration. L’art devrait être un espace de libre pensée, surtout aujourd’hui, avec tant de bouleversements politiques et sociaux. Nous avons besoin d’artistes qui montrent la voie, non pas avec des messages rigides, mais avec ouverture. L’œuvre de Niki et Jean incarne cette générosité.
J’aimerais parler des Nanas de Niki. Elles sont si riches — voluptueuses mais guerrières, défiant les standards de beauté de leur époque.
Certains les qualifient de « fantaisistes », mais je ne suis pas d’accord. Pour moi, ce sont une armée de femmes qui conquièrent le monde avec la joie et la sexualité comme armes. La joie était centrale dans le travail de Niki, même si ce n’était pas tendance à l’époque. Malgré ses luttes personnelles — traumatismes, anxiété, problèmes de santé —, elle a insufflé une telle vitalité à ces figures. Je pense qu’elle les voyait comme des protectrices.
Les sculptures Nanas de Niki de Saint Phalle.
Photo : Ken Adlard, avec l’aimable autorisation des artistes et de Hauser & Wirth
L’art de Niki a montré comment la créativité peut être une source de guérison — tant pour les douleurs personnelles que les luttes sociétales.
Absolument. C’est pourquoi son travail résonne si fortement auprès des jeunes générations aujourd’hui. En tant que pont entre ces deux époques, c’est incroyable de voir à quel point les jeunes se connectent profondément à sa vision.
Comment les différentes générations perçoivent-elles son travail ?
Le dialogue est plus ouvert aujourd’hui. Niki a vécu des temps oppressifs et portait de profondes blessures, pourtant son art parle puissamment aux femmes de tous âges. À Bilbao, j’ai observé des femmes plus âgées — celles qui ont survécu au régime de Franco — réagir aux Mères dévorantes de Niki, une œuvre sombre et surréaliste. Certaines étaient visiblement bouleversées.
Il y a dix ans à Paris, la conservatrice Camille Morineau (fondatrice d’AWARE, qui archive les femmes artistes) a présenté le travail de Niki sous un angle féministe. Voir son travail réinterprété pour un public nouveau et radical était inspirant. L’art de Niki offre toujours une libération.
Vous avez grandi entourée par l’œuvre de Niki. Comment votre perspective a-t-elle évolué ?
À sa mort, j’ai ressenti le besoin de défendre son héritage. Certains la qualifiaient de « commerciale » parce qu’elle créait des parfums — mais elle le faisait pour financer son indépendance. Elle a construit le Jardin des Tarots sans rien devoir à personne. Aujourd’hui, les célébrités lancent d’innombrables marques, et c’est célébré (nous adorons Rihanna !). À l’époque, le monde de l’art hésitait à prendre Niki au sérieux. Son audacieuse autonomie m’inspire. Corriger cette narration est devenu ma mission.
Niki a aussi défendu l’art public quand la scène était exclusive. La voir aujourd’hui vénérée comme une pionnière me remplit de fierté. C’est un cadeau de voir son influence perdurer et évoluer.
Niki de Saint Phalle et Jean Tinguely au bord de la Seine, avec ses Tirs* dédiés à Notre-Dame, Paris, 1961.
Photo : John R. van Rolleghem*
Comment Niki et Jean ont-ils façonné leur héritage ?
Ils étaient farouchement conscients de leur impact. Après la mort de Jean, Niki a veillé à ce que son travail reste public en donnant plus de 50 pièces pour créer le Musée Tinguely en Suisse. Maintenant, pour son centenaire, nous exposons ses machines — opportun, alors que la société interroge le rôle de la technologie. J’aimerais que le philosophe Peter Sloterdijk explore les machines de Jean à travers son prisme techno-social.
« Niki de Saint Phalle & Jean Tinguely : Mythes & Machines » est à voir à Hauser & Wirth Somerset jusqu’au 1er février 2026.