Nous sommes à l'ère du régime hyperprotéiné. On en trouve partout – dans notre café, nos barres énergétiques, même dans le pop-corn. Les réseaux sociaux regorgent de personnes vantant leur consommation de 100 grammes de protéines par jour, tandis que les glucides ont été injustement diabolisés comme ennemis de la santé. Pour certains, ce qui a commencé comme un simple intérêt nutritionnel est devenu une obsession.
Mais derrière les promesses de muscles toniques et de cheveux brillants, cette folie des protéines a un côté moins glamour – qui affecte notre santé intestinale.
La nutritionniste Payal Kothari, autrice de The Gut, explique que cette tendance est alimentée par la vanité et le battage médiatique. « Les protéines ont été glamourisées au point de devenir une obsession », dit-elle. « Les gens craignent les glucides et croient que les protéines suffisent à perdre du poids ou à gagner du muscle. Bien qu’elles soient importantes, cette fixation éclipse souvent le besoin en fibres, en bonnes graisses et en une alimentation variée. »
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Pour la plupart des non-sportifs, Kothari précise que « le corps n’a besoin que d’environ 0,8 à 1,2 gramme de protéines par kilo de poids corporel » – bien moins que les quantités extrêmes promues en ligne. « Les influenceurs poussent à consommer plus de 100 grammes par jour, ce qui peut convenir aux bodybuilders mais fatigue l’intestin et les reins d’une personne moyenne, surtout sans assez de fibres, d’eau et d’activité. »
Que se passe-t-il quand on abuse des protéines ? « Votre intestin prospère grâce à la variété et aux fibres, pas seulement à la viande », explique Kothari. « Un régime riche en viande et pauvre en fibres nourrit des bactéries produisant des composés nocifs comme l’ammoniac, entraînant ballonnements, constipation, voire des lésions intestinales – surtout si la viande rouge domine vos repas. »
En résumé : votre microbiote a besoin d’une alimentation équilibrée, pas d’une fixation sur les protéines. Sans fibres, tout se dérègle vite. « Un excès de protéines – au-delà de 2 grammes par kilo – surcharge la digestion, générant des sous-produits toxiques dans l’intestin. Une mauvaise fermentation cause ballonnements, maux de tête et perturbe la flore intestinale. »
Les effets ne sont pas que physiques. « La digestion ralentit », détaille Kothari. « Vous pouvez vous sentir constipé, gazeux ou mentalement embrumé. Les fibres nourrissent les bonnes bactéries ; sans elles, la digestion devient lente et enflammée. »
Les premiers signes d’un excès de protéines ? « Des gaz malodorants, des ballonnements, de la constipation, des reflux acides, des problèmes hépatiques ou une sensation de lourdeur après les repas », énumère-t-elle. « Si vous êtes irritable ou dormez mal, votre intestin est peut-être enflammé à cause du déséquilibre. »
Il ne s’agit pas de rejeter les protéines, mais de trouver l’équilibre. « Un assiette saine doit inclure des protéines propres comme les lentilles, le tofu, les œufs, des légumes colorés, des bonnes graisses comme les noix et des glucides complexes comme le quinoa ou la patate douce », conseille Kothari. « Ajoutez des aliments fermentés et des prébiotiques pour soutenir la santé intestinale. Musclez-vous, pas vos problèmes digestifs. »
Si vous avez abusé des protéines, Kothari suggère de réintroduire progressivement des fibres : « graines de chia, légumes, fruits et légumineuses ». Son astuce ? « Remplacez un repas riche en protéines par une option végétale chaque jour. Utilisez herbes, épices et aliments fermentés. Vous ne perdrez pas vos progrès – vous gagnerez une meilleure digestion, plus d’énergie et une santé durable. Trop de protéines peut nuire. »
Certains aliments protéinés soutiennent la santé intestinale. « Le yaourt grec nature, le tempeh, le kéfir et le miso apportent protéines et probiotiques », note Kothari. « Ils aident à réduire l’inflammation, mais ne remplacent pas les fibres. Voyez-les comme des bonus utiles, pas comme l’essentiel. »
Les protéines sont essentielles – mais l’équilibre est la clé. Le sucre n’est pas le méchant ici. Mais quand un régime hyperprotéiné va trop loin, il a peut-être besoin d’une bonne dose de fibres pour rétablir l’harmonie.