Il ne manque pas d'ouvrages documentaires sur le deuil, du classique d'Elisabeth Kübler-Ross, *Sur le chagrin et le deuil*, aux livres de Joan Didion, *L'année de la pensée magique* et *Nuits bleues*. Mais transformer l'expérience profondément personnelle et pourtant universelle de la perte en un roman n'est pas une tâche facile.
C'est précisément ce qu'a réussi la scénariste Aisha Muharrar avec son nouveau livre, *Loved One*. L'histoire suit Julia, une créatrice de bijoux de Los Angeles qui lutte contre la mort de son ami proche (et ancien intérêt amoureux compliqué) Gabe. Dans son chagrin, elle noue un lien inattendu avec Elizabeth, l'ex-petite amie récente de Gabe. Bien que le sujet soit douloureux, la voix comique acérée de Muharrar—affûtée sur des séries comme *Parks and Recreation*, *The Good Place* et *Hacks*—en fait une lecture délicieuse.
Cette semaine, *Vogue* s'est entretenu avec Muharrar à propos du lancement de *Loved One*, de la création d'un triangle amoureux post-mortem, de ses recherches sur la conception de bijoux et de l'équilibre entre fiction et scénario.
**Vogue :** Comment ça fait d'avoir *Loved One* publié ?
**Aisha Muharrar :** C'est un mélange d'émotions. Écrire un roman est un processus si solitaire, alors c'est incroyable de voir le soutien de ma communauté. Des amis ont proposé de co-organiser des événements—l'un possède un bar, et nous avons collaboré avec un groupe de collecte de fonds appelé le Freya Project. Il y a un bar à vin à Kingston, New York, qui a inspiré le restaurant d'Elizabeth dans le livre. J'en ai parlé à une serveuse là-bas, et elle m'a dit que son mari travaillait dans la librairie locale—maintenant, nous organisons un événement avec eux.
Honnêtement, ce qui m'enthousiasme le plus, c'est de me connecter avec les gens. Une amie proche fait le trajet jusqu'à Kingston juste pour passer du temps. Des fans de mes années sur *Parks and Rec* ou du podcast *Gilmore Guys* viennent aussi. J'aime chaque partie de l'écriture, mais le meilleur, c'est l'échange—partager quelque chose et entendre comment les gens l'interprètent. J'ai de super interlocuteurs, alors j'ai vraiment hâte.
**Vogue :** Comment l'histoire de Julia, Gabe et Elizabeth vous est-elle venue ?
**Aisha Muharrar :** Il y a des années, j'étais dans un taxi avec une amie après une fête à New York quand elle m'a dit que son amie sortait avec mon ex. Il avait été un bon petit ami—nous avions rompu à l'amiable—et elle l'avait recommandé sur la base de mon expérience. Mais maintenant, il ne traitait pas bien son amie. J'ai plaisanté : *Je ne suis pas Yelp pour les petits amis !* Mais ça m'a fait réfléchir : *C'était mon expérience, mais les gens changent. Peut-être que leur dynamique est différente.* Je me suis demandé : *Si nous nous rencontrions, nos perspectives se recouperaient-elles ?*
Ça m'est resté. Après la fin de *Parks and Rec*, j'ai décidé d'écrire de la fiction—quelque chose que j'avais toujours voulu faire depuis l'université. J'avais cette super carrière dans la télé, mais j'avais rêvé d'écrire un roman depuis l'enfance. (J'ai même écrit un livre documentaire au lycée.) Avec la série terminée, pas encore d'enfants et récemment mariée, je me suis dit : *Pourquoi pas maintenant ?* C'est là que la conversation en taxi m'est revenue comme inspiration.
L'idée m'est revenue. Je réfléchissais déjà à la perte à cause de mes propres expériences, et après avoir parlé à une amie qui avait perdu son grand-père—elle savait que j'avais perdu plusieurs proches—elle m'a appelée "l'experte en deuil". Ce n'était pas le titre le plus flatteur, mais ça m'a fait penser qu'il y avait peut-être quelque chose à explorer. Bien qu'il y ait beaucoup de livres sur le deuil aujourd'hui, quand j'ai commencé à écrire, je n'en voyais pas beaucoup dans la fiction littéraire. Il y avait des mémoires, mais je voulais écrire quelque chose qui ne laisserait pas les lecteurs endeuillés se sentir plus mal—quelque chose qui pourrait même offrir du réconfort.
Ces deux idées—la perte et l'amour—ont tourbillonné dans ma tête jusqu'à prendre forme avec Julia et Gabe. Une fois qu'Elizabeth est entrée en scène, l'histoire est devenue plus complexe, dépassant une simple histoire d'amour. Je voulais explorer un triangle amoureux entre deux femmes, quelque chose que je n'avais pas beaucoup vu auparavant, et ajouter des couches à une dynamique familière.
**Les descriptions des bijoux étaient si vivantes—comment avez-vous choisi la profession de Julia ?**
J'ai fait beaucoup de recherches, en parlant à des créateurs de bijoux et en me documentant sur le métier. Julia est artistique mais pas du genre à s'engager pleinement dans l'art comme Gabe le fait avec la musique. Son passé financier la pousse vers quelque chose de pratique, mais créatif. La conception de bijoux semblait parfaite—c'est artistique mais aussi manuel, même brut. Elle soude, elle travaille le métal, elle se brûle parfois. Ce n'est pas que du glamour ; c'est gérer une petite entreprise, courir après les factures, être près du monde de la mode sans en faire vraiment partie.
**Comment avez-vous concilié l'écriture avec votre travail dans la télé ?**
C'était difficile ! En travaillant sur *The Good Place* (Saison 1), j'écrivais de 10h à 17h, puis de nouveau de 18h à 1h du matin. Plus tard, pendant les pauses entre les séries (*The Good Place* Saisons 2–3, puis *Hacks*), je me concentrais sur le livre. J'avais imaginé une retraite d'écriture romantique—un château, une colonie—mais la réalité, c'était juste moi, tapant tard la nuit. Quand *Hacks* a commencé, j'avais déjà un agent, et nous éditions et présentions le livre. Ce n'était pas glamour, mais c'est fait.
Le livre était essentiellement terminé, bien que j'aie encore passé du temps à réviser des phrases, à gérer les détails de publication et à faire des modifications et ajouts. J'ai simplement fait avec par nécessité.
Cette conversation a été éditée et condensée.
**Loved One**
28 $
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