Personne ne s'arrête à un panneau stop en se disant : "Quand vont-ils le redesigner ? Il est tellement vieux !" C'est ce qu'a déclaré Susan Kare, l'artiste et graphiste américaine, lors d'une table ronde sur le design à Paris pour la populaire entreprise de sécurité numérique Ledger. Kare, célèbre pour son travail révolutionnaire chez Apple — où elle a conçu nombre des premières icônes et polices bitmap durables de l'entreprise —, a été engagée par Ledger pour ajouter une touche graphique conviviale via des éléments plug interchangeables sur son nouveau dispositif de stockage, le Nano Gen5.
Ledger emploie également Ian Rogers, ancien directeur numérique du groupe LVMH et autre vétéran d'Apple. Aujourd'hui directeur de l'expérience chez Ledger, il m'a confié juste avant la table ronde : "Plus nous passons de temps avec la technologie, plus nous valoriserons les connexions humaines. On ne tombe pas amoureux d'un robot — on tombe amoureux d'une personne."
Tous deux exprimaient la même idée : les éléments essentiels à la vie humaine — les expériences hors écran — restent cruciaux en matière de design, même si la technologie devient omniprésente. Appropriément, le Design Miami.Paris de cette année, qui aux côtés d'Art Basel est un pilier de la semaine annuelle d'art et design d'octobre à Paris, marque la première participation directe d'Apple à l'événement. La marque a missionné quatre artistes pour une série intitulée "Designers of Tomorrow", à la particularité que chacun a utilisé un iPad pour créer ses œuvres.
Bien sûr, la Big Tech influence presque tous les débats aujourd'hui, son code étant intégré partout. Pourtant, d'un point de vue design, on observe un retour croissant vers le comportemental, l'émotionnel, le biologique et même la nostalgie. Les approches artisanales sont en vogue depuis un moment, mais ce que j'ai observé à Paris semblait distinct : une esthétique ancrée dans l'expérience réelle. Alors que le monde se précipite vers la crypto, l'IA et l'informatique quantique, le design redécouvre agréablement son charme intrinsèquement humain.
Harry Nuriev, connu pour son style inspiré de la technologie avec éléments chromés et ultramodernes, a créé une installation sur la Rive Gauche parisienne nommée Objets Trouvés. Elle présente des rangées de boîtes en aluminium remplies de ce qui ressemble à des déchets — un racket de tennis cassé, un tote bag usé. Pour y entrer, vous devez déposer un objet, et pour en sortir, en prendre un. J'ai donné un t-shirt de yoga propre que j'avais dans mon sac et ai pris un CD "Hits of the 1960s". En sortant, le personnel certifie l'échange et délivre un certificat d'authenticité. C'était l'art le plus analogique et low-tech que j'aie rencontré à Paris, contrastant vivement avec l'approche avant-gardiste de Nuriev. Et oui, rien de plus humain que de fouiller dans un marché, même si cette installation était loin d'un bazar typique.
La galerie milanaise Nilufar a exposé les designs lumineux d'Audrey Large dans son espace Design Miami.Paris, d'une beauté étrange et magnétique. Je ne sais pas si Large voulait évoquer un poumon, mais il est impossible de ne pas le voir et, en un sens, de le ressentir. Je me suis surpris à contempler la lueur dorée des formes oblongues, à me concentrer sur ma respiration et à me recentrer sur l'instant. J'adorerais avoir cela comme rappel quotidien à la maison. C'était mon œuvre préférée de l'événement.
L'installation du designer basé à Maui James de Wulf à Design Miami.Paris est une table de ping-pong et de dining qui fait aussi bain sonore, lui valant un prix "Best in Show" des juges du salon. Lorsqu'on joue, des plaques métalliques finement accordées produisent une réverbération rappelant des cloches d'église ou un orgue. C'est une sensation inhabituelle, à la fois auditive et tactile, qui m'a pourtant rappelé les soirées d'été à jouer au ping-pong avec mon grand-père — bien avant l'ère de la technologie avancée. Les téléphones portables étaient partout.
Une bibliothèque brésilienne de Charlotte Perriand et Saint Laurent, photographiée par Nicolas Bergerot, a fait ses débuts au Salone del Mobile. Elle est si frappante qu'elle mérite une mention, et son histoire correspond au thème : Perriand avait initialement conçu certaines de ces pièces comme des objets fonctionnels uniques, sans intention de production de masse. La "Bibliothèque Rio de Janeiro" de 1962 en est un parfait exemple — sa forme massive rappelle les motifs de mosaïque des promenades d'Ipanema et Copacabana. Perriand l'avait créée pour l'appartement de son mari Jacques Martin à Rio, l'imaginant comme une pièce unique pour ranger des livres, exposer de l'art, supporter des lampes, etc. C'est un remarquable exemple de design avec une touche humaine, et Saint Laurent, sous la direction d'Anthony Vaccarello, l'a rééditée en édition limitée.
Au Design Miami de Paris, le designer Duyi Han a présenté un miroir en forme de planche de surf financé par Apple. Il s'ouvre comme un médaillon et a été créé avec de l'IA. Ironiquement, le design dépeint vivement un corps humain et des pensées manuscrites — l'une d'elles dit : "Votre système nerveux est votre première langue." J'ai passé beaucoup de temps à le regarder, attiré par le contraste entre son apparence artisanale et son processus de développement numérique. Parmi les œuvres commanditées par Apple, celle de Han s'est démarquée comme la plus captivante.
Questions Fréquemment Posées
Voici une liste de FAQ utiles et concises sur l'interaction entre technologie et touche humaine durant la Semaine de l'Art et du Design de Paris.
Questions Générales / Débutant
1. Qu'est-ce que la Semaine de l'Art et du Design de Paris ?
C'est un événement annuel majeur à Paris qui rassemble galeries, musées, designers et artistes pour présenter les dernières tendances et créations en art et design contemporains.
2. Pourquoi les grandes entreprises technologiques participent-elles à un événement d'art et de design ?
Elles participent pour montrer comment des technologies comme l'IA, la réalité virtuelle et la fabrication numérique peuvent être utilisées comme de nouveaux outils et médiums pour l'expression créative, se positionnant ainsi à l'avant-garde de l'innovation.
3. Que signifie "touche humaine" dans ce contexte ?
Cela fait référence aux éléments que la technologie ne peut pas reproduire seule : la vision unique de l'artiste, la profondeur émotionnelle, l'imperfection d'un objet artisanal et l'expérience personnelle tangible de voir l'art en personne.
4. La technologie ne rend-elle pas l'art moins humain ?
Pas nécessairement. Lors de cet événement, la technologie est souvent utilisée comme un outil pour renforcer la créativité humaine, non pour la remplacer. Elle permet aux artistes d'explorer de nouvelles formes et idées qui ne seraient pas possibles autrement.
Questions Approfondies / Avancées
5. Pouvez-vous donner un exemple de collaboration entre technologie et touche humaine à l'événement ?
Vous pourriez voir une sculpture numérique générée par IA puis physiquement réalisée par un artisan maître, ou une expérience VR qui raconte une histoire humaine profondément personnelle. La technologie fournit le "comment", mais l'artiste fournit le "pourquoi".
6. Quel est le principal avantage de cette collaboration ?
Elle repousse les limites de ce que l'art et le design peuvent être. Elle crée des expériences et objets entièrement nouveaux, à la fois technologiquement avancés et émotionnellement résonnants, attirant un public plus large et diversifié.
7. Quelle est une critique ou problème courant lié à la présence de la tech ?
Certains critiques estiment qu'elle peut éclipser les artistes émergents sans financement technologique, ou que l'effet "waouh" de la technologie peut parfois distraire du message artistique et paraître impersonnel.
8. Comment un visiteur peut-il distinguer si une œuvre a une véritable touche humaine ?
Cherchez l'histoire derrière l'œuvre. Transmet-elle une émotion ou perspective personnelle ? Remarquez les détails : y a-t-il de légères imperfections, textures ou choix qui semblent intuitifs plutôt que purement algorithmiques ? Les meilleures pièces vous font oublier la tech pour vous concentrer sur le sentiment.
