Susan Choi est célébrée pour ses romans qui puisent une profondeur remarquable dans des cadres très particuliers : qu'il s'agisse d'un programme de théâtre lycéen dans *Trust Exercise* (2019), d'une atmosphère universitaire chargée de sexualité dans *My Education* (2013), ou d'une vie de fugitive traquée par le FBI dans *American Woman* (2003). Son nouveau roman, *Flashlight* (disponible chez Macmillan Publishers), pourrait bien être son œuvre la plus audacieuse à ce jour.
Dans *Flashlight*, un Coréen nommé Serk (anciennement Seok) quitte sa jeunesse au Japon pour recommencer sa vie aux États-Unis. L'histoire se déploie comme une vaste chronique de quatre générations de sa famille, avec une prose précise et émouvante qui caractérise le style de Choi.
Récemment, *Vogue* s'est entretenu avec Choi pour évoquer comment la remportée du National Book Award en 2019 a influencé (ou non) son processus d'écriture pour *Flashlight*, ses recherches sur l'histoire des Coréens au Japon, et sa fascination pour les récits d'enlèvement. La conversation a été éditée pour plus de clarté et de concision.
**Vogue :** Comment avez-vous abordé l'écriture de ce livre ?
**Susan Choi :** Honnêtement, le processus était… Je ne veux pas dire chaotique, car cela suggère beaucoup d'énergie et de mouvement. C’était plutôt lent, sinueux et déroutant—comme quelqu’un avec un bandeau sur les yeux essayant de sortir d’un labyrinthe. J’ai vraiment eu du mal avec ce livre. Il s’est construit par bribes décousues qui m’ont obligée à revenir en arrière et à tourner en rond. Cela ressemblait plus à l’écriture de mon premier roman qu’à celle de mon sixième. Par moments, je me demandais si je savais encore écrire un livre.
**Vogue :** Le fait d’avoir remporté le National Book Award pour *Trust Exercise* a-t-il influencé votre approche de *Flashlight* ?
**Choi :** Étonnamment, non—et j’en suis reconnaissante. Je pensais qu’un tel événement me stresserait, mais cela n’a presque pas eu d’impact. D’une manière étrange, le COVID a aidé. La pandémie a été une rupture si profonde dans notre réalité collective—et dans ma propre vie—que *Flashlight* a vraiment émergé de cette période. J’ai publié une nouvelle pendant le confinement en 2020, qui est devenue l’ouverture de ce livre, et le reste s’est développé à partir de là. Je ne pensais pas à 2019, au prix, ni à la manière dont ce livre ferait suite au précédent. Ce n’est que lorsque *Flashlight* était presque terminé que j’ai réalisé : *Oh, c’est la suite.* Je suis contente de ne pas avoir obsédé sur le fait que ce soit une "bonne" ou "mauvaise" suite. Il est simplement ce qu’il est.
**Vogue :** Pourquoi avez-vous centré *Flashlight* sur la relation parent-enfant ?
**Choi :** Ce lien me fascine—comme il fascine probablement la plupart des gens, puisque nous avons tous des parents, et beaucoup d’entre nous deviennent aussi parents. La dernière décennie de ma vie en a été profondément marquée. Je fais partie de ce qu’on appelle la "génération sandwich", ce qui sonne affreux—qui a envie de s’imaginer en sandwich ? Mais c’est vrai : j’ai des parents vieillissants et des enfants en pleine croissance. Il y a eu des périodes intenses où j’ai dû m’occuper des deux générations, en alternance. Cette expérience a naturellement imprégné le livre.
Je viens de terminer un livre non-fiction extraordinaire sur les relations parent-enfant : *Daughters of the Bamboo Grove* de Barbara Demick, qui explore l’adoption et le trafic d’enfants. C’est un travail de journalisme d’investigation et l’un des livres les plus remarquables que j’aie jamais lus. Je suis une grande fan de son travail. Je l’ai acheté pour mon vol—je pars jeudi sur la côte Ouest pour ma tournée—et je l’ai dévoré en un jour et demi. Maintenant, il faut que je trouve autre chose pour l’avion. [Rires.]
**Vogue :** Le roman embrasse tant d’aspects du monde—comment s’est déroulée votre recherche historique ?
**Choi :** Ce fut désordonné, peut-être inefficace, ou peut-être incroyablement productif—je ne sais pas. Les recherches se sont faites de toutes les manières possibles, sans plan précis. Le livre est né de mon obsession pour une série de disparitions au Japon qui se sont révélées être des enlèvements. J’ai toujours été fascinée par les histoires d’enlèvement—elles sont troublantes mais captivantes. Mon deuxième livre portait sur le kidnapping de Patty Hearst parce que cette affaire m’avait tant intriguée. Ces enlèvements japonais étaient un autre sujet dont je ne pouvais plus me détacher.
Les relations entre la Corée et le Japon sont un autre de mes intérêts de longue date, et elles apparaissent dans beaucoup de mes œuvres. J’ai commencé à lire sur les Zainichi—les Coréens ethniques restés au Japon après la Seconde Guerre mondiale, coincés par les changements de frontières politiques—et leur histoire m’a passionnée. Ces fils narratifs flottaient sans livre pour les relier, mais une fois que ce projet a pris forme, je les ai tissés ensemble.
Puis, au fur et à mesure que le livre avançait, il a exigé des recherches encore plus poussées. Ce qui n’était qu’un intérêt passager est soudain devenu un sujet d’étude sérieux et approfondi—ce qui était intimidant. Il y a eu des recherches frénétiques de dernière minute, jusqu’aux ultimes révisions. J’ai eu un assistant de recherche pendant un semestre, et sans son aide, je n’aurais peut-être jamais terminé.
**Flashlight**
28 $
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