Dans **Highest 2 Lowest**, la réinterprétation vibrante (et pleine de stars) par Spike Lee du film noir **High and Low** d’Akira Kurosawa (1963), Ilfenesh Hadera incarne Pam King, une femme plongée dans un cauchemar. D’abord, elle découvre que son ambitieux mari, magnat de la musique David King (un Denzel Washington irrésistible), envisage des manœuvres financières risquées pour reprendre le contrôle de Stackin’ Hits Records, son label autrefois dominant mais aujourd’hui en déclin. Ensuite, leur fils adolescent, Trey, est kidnappé pendant son entraînement de basket.

Ce qui suit est une aventure criminelle pleine de rebondissements, palpitante, souvent hilarante et subtilement profonde, avec des plans grandioses de Dumbo, une séquence époustouflante mettant en scène un train aérien et la Puerto Rican Day Parade, et—croyez-le ou non—une battle de rap improvisée entre Denzel Washington et A$AP Rocky. (En dire plus sur le rôle de ce dernier gâcherait le plaisir.) Tout au long du film, Hadera—native de Harlem, aux traits félins saisissants et à la voix riche—maintient l’équilibre avec grâce, contrebalançant l’énergie démesurée de Washington.

Collaboratrice de longue date de Lee, Hadera a joué dans **Oldboy** (2013), **Chi-Raq** (2015) et **She’s Gotta Have It** de Netflix, ainsi que dans des séries comme **Show Me a Hero**, **Billions** et **Godfather of Harlem**, dont la quatrième saison est sortie plus tôt cette année.

Ici, Hadera parle à **Vogue** de la rêveuse première cannoise de **Highest 2 Lowest**, de ce qu’elle a appris de Washington sur le tournage, et de la suite.

**Vogue :** **Highest 2 Lowest** a été présenté en première à Cannes cette année. Comment avez-vous abordé votre tenue pour le tapis rouge ? Que voulez-vous ressentir dans ces moments ?

**Ilfenesh Hadera :** Voilà le truc—j’ai 39 ans, j’ai grandi à Manhattan, et je connais mon style. Je sais ce qui me va, et si je ne me sens pas bien dans quelque chose, je ne le porterai pas—pas pour un contrat avec une marque, pas pour repousser les limites. Si vous n’êtes pas confiante, ça se voit. À une première, vous célébrez votre travail acharné—vous devez vous approprier le moment.

Cannes était intéressant. Je ne suis pas une grande rêveuse—je me fixe des objectifs et reste les pieds sur terre—mais Cannes est un temple du cinéma. Il y a tellement d’histoire, et je voulais que mon look soit parfait. Je me suis retrouvée à l’Albright Fashion Library, et ils m’ont stylisée la veille de mon départ. Je n’avais jamais porté de pois auparavant, mais je me sentais incroyable, et ça collait parfaitement au moment.

**Vogue :** Vous avez tissé une solide relation de travail avec Spike au fil des ans. Quand vous recevez un nouveau script de lui maintenant, comment ça se passe ? Comment ce projet vous est-il parvenu ?

**Hadera :** Honnêtement, la seule différence maintenant, c’est que j’ai un avertissement avant mes représentants. L’indice est généralement : **"Quand est-ce que tu retournes sur Godfather of Harlem ? Tu es libre ces dates-là ?"** Alors je sais qu’il se trame quelque chose.

Mais le processus est le même—je n’ai jamais eu une offre de Spike sans auditionner. Vous devez mériter le rôle, et je respecte ça. En fait, je préfère auditionner, car ça garantit qu’on est sur la même longueur d’onde concernant le personnage. Kim Coleman, qui cast les projets de Spike depuis des années, m’a déjà fait auditionner pour lui, donc c’est un terrain familier.

Je le connais depuis 15 ans, et il m’a choisie pour ce projet. Spike a été très direct—il m’a dit : **"C’est la décision de Denzel. Il est producteur exécutif du film, il m’a apporté le script, et tu es sa partenaire principale. Alors fais ton truc. Mets-y du tien."**

Oh mon Dieu, oui. Nos auditions avaient lieu aux 40 Acres (la société de production de Spike), qui a toujours été comme une maison pour moi, donc je suis arrivée en me sentant complètement à l’aise. Et j’étais vraiment satisfaite de mon travail—c’est tout ce qu’on peut espérer après une audition.

**Connaissiez-vous déjà le film de Kurosawa ?**

Au début de notre relation, j’ai demandé à Spike : **"Donne-moi une liste de tes films incontournables."** En grandissant, mes parents regardaient des films—ils avaient des rendez-vous cinéma—mais le cinéma n’était pas une obsession chez nous. Spike m’a donné une liste, et il y avait beaucoup de Kurosawa : **Ran**, **Rashomon**, **Les Sept Samouraïs**. Mais je n’avais jamais vu **High and Low**. Quand Deadline a annoncé que Spike faisait cette réinterprétation, je me suis précipitée pour le regarder, en me disant : **Voyons s’il y a un rôle pour moi**—égoïstement, bien sûr. Donc je l’avais vu avant mon audition.

**Votre principal partenaire de jeu est Denzel. Comment était cette dynamique, puisque vous n’aviez jamais travaillé ensemble mais que vous aviez tous les deux des liens forts avec Spike ?**

C’est drôle—Spike a mentionné que lui et Denzel ont beaucoup collaboré, mais leur dernier film ensemble était **Inside Man**. On se demande : est-ce qu’ils vont retrouver leur complicité naturellement, ou vont-ils devoir se reconnecter ? Mais ils ont repris exactement là où ils s’étaient arrêtés. Spike est un collaborateur incroyable. Sa chaise de réalisateur ne dit pas "réalisateur"—elle dit "coach". Et c’est exactement ce qu’on ressent, comme si on faisait partie d’une équipe.

Denzel et moi avons eu du temps pendant les répétitions et sur le plateau pour discuter et jouer. Il y a eu des moments où il me demandait comment je travaillais, et si quelqu’un de mon âge m’avait posé la question, j’aurais peut-être répondu : **"Laisse-moi faire mon truc."** Mais quand c’est Denzel, on se dit : **Putain, j’ai encore tellement à apprendre**. L’année dernière, dans une interview pour **Gladiator**, il a dit que les acteurs ont trois saisons : apprendre, mériter, et transmettre. Il est clair que Denzel est dans sa phase de transmission—il est un mentor et un leader sur le plateau.

**Une grande partie du film se déroule dans l’appartement de David et Pam—c’est comme une pièce de chambre, avec beaucoup de dialogues et de personnages. Comment était-ce, vu votre expérience avec les ensembles ?**

Génial. Il n’y a pas de mauvaises pommes sur un plateau de Spike Lee. Certains membres du casting, je les connaissais déjà—Dean Winters, croisé dans les cercles new-yorkais et la vie nocturne. Jeffrey Wright venait tout juste de finir **American Fiction**, que ma grand-mère et moi avons vu trois fois. Je suis une fan de lui depuis toujours. Et LaChanze, qui joue l’une des détectives—entre les prises, c’était comme du théâtre, à traîner avec des amis acteurs dans les coulisses.

**Que recherchez-vous dans un rôle ces jours-ci ? Qu’est-ce qui vous attire ?**

J’ai récemment lu un script pour un projet de Taylor Sheridan. Je ne l’ai pas eu—mon amie Juliana Canfield l’a décroché, et je suis ravie pour elle. Mais le rôle était celui d’une épouse qui est aussi une badass, passionnée, lanceuse de grenades, incroyable travailleuse de la protection de l’enfance...

**J’adore jouer des personnages complexes, avec de la profondeur, des conflits intérieurs et leurs propres histoires captivantes—des rôles qui me challengent vraiment en tant qu’actrice.**

Les transformations physiques pour un rôle seraient géniales aussi. Changer son corps pour un personnage est un défi difficile mais gratifiant. Et j’aime tout projet qui demande d’apprendre de nouvelles compétences, que ce soit maîtriser un katana ou se mettre au tricot—c’est aussi ça qui est amusant.

En dehors du travail, je trouve de la joie dans le mouvement et le soin de mon corps. L’exercice et rester active sont très importants pour moi. Dans un monde où tant de choses échappent à notre contrôle, notre corps est l’une des rares choses sur lesquelles nous pouvons agir—à travers ce que nous mangeons et comment nous bougeons. Je passe beaucoup de temps avec ma communauté de fitness, mais je suis aussi une casanière dans l’âme. J’aime me détendre avec mon chien et cuisiner—je suis une grande fan des recettes du New York Times. La vie est riche, que je travaille ou non.

**Cette conversation a été éditée et condensée.**

**Highest 2 Lowest** est actuellement dans quelques salles et sera disponible en streaming sur Apple TV+ à partir du 5 septembre.