Il y a quelques années, Chioma Nnadi—mon ancienne rédactrice en chef à Vogue.com et désormais responsable du contenu éditorial de British Vogue—m’a soumis une idée. Le nombre d’after-parties suivant le Met Gala avait explosé, et quelqu’un avait lancé négligemment que ce serait "impossible" d’assister à toutes. Cela a fait réfléchir Chioma : et si quelqu’un tentait vraiment l’expérience ?
Ainsi, en 2022, le premier lundi de mai—alors que les Kardashian arrivaient encore au Metropolitan Museum of Art—je suis partie faire la fête. Puis encore un peu plus.
En huit ans chez Vogue, j’ai assisté à une vingtaine d’after-parties du Met Gala. (Probablement plus, sans la pandémie.) D’ici le 5 mai—si tout se passe comme prévu—ce chiffre devrait grimper à au moins 25.
Alors que je savoure mes dernières nuits de sommeil réparateur avant mon marathon social annuel, j’ai pris le temps de réfléchir à ce que j’ai appris lors de ma nuit professionnelle de fêtarde. Des leçons ? Peut-être. Des réflexions ? Bien sûr. Des conseils pratiques pour quiconque tente d’enchaîner plusieurs soirées à dress-code en une seule nuit ? C’est l’objectif.
Quelle que soit votre raison de lire ceci, voici mes astuces pour survivre (et briller lors) d’une nuit multi-soirées.
### Choisissez—et surveillez—votre poison
Je me souviens encore de mon premier verre. En troisième, chez [nom supprimé], avec les Black Eyed Peas en fond sonore. J’avais un crush sur un lycéen et voulais l’impressionner, alors je me suis mixé un Gatorade rouge-rum.
Inutile de dire que ça s’est mal terminé. Mais cette expérience m’a appris à (obsessivement) identifier les alcools qui me conviennent. Champagne ? Une tuerie. Tequila ? Un désastre. La vodka, c’est bien avec modération, mais un verre de trop et j’envoie des textos chelous. (Exemple : "Je pense souvent aux procès des sorcières de Salem", envoyé à un rencard.) Le vin blanc et le rosé me tiennent éveillée jusqu’à 4h du mat’. Le rouge, par contre ? Je pourrais rivaliser avec Hemingway verre pour verre et courir 5 km le lendemain.
Lors de mon premier after-party du Met Gala, j’ai bu tout ce qu’un serveur m’a tendu—et beaucoup. Le lendemain, réveil avec une gueule de bois brutale et 100 emails non lus dans ma boîte de réception.
À New York, les gens se divisent en deux catégories : les W-2 et les "Qu’est-ce-que-tu-fais-dans-la-vie ?". Si vous êtes dans le premier groupe—comme moi, avec un boulot de bureau, un patron et des bases sur Microsoft Office—vous devez concilier plaisir et réalité financière. Sinon, un faux pas suffit pour tout faire capoter. (Si vous êtes dans le second groupe, ignorez ceci et faites la fête comme Molly Gunn dans Uptown Girls—pré-détournement de fonds—pour moi.)
Aujourd’hui, je compte mes verres dans l’appli Notes de mon iPhone. Appelez ça de la maturité.
### Les célébrités ne sont pas comme vous
L’an dernier, avant le Met Gala, j’ai reçu un "soin du visage" par une esthéticienne de stars. Je mets "soin" entre guillemets car ce qu’on m’a fait subir était… loin d’être standard. Massage, gommage, laser, hydratation, micro-courants, et d’autres mystères malgré les explications. Deux heures plus tard, elle m’a tendu un miroir. Mon reflet me ressemblait—en mieux.
Je n’ai pas payé ce soin. Je n’aurais pas pu le payer. Bien que ses tarifs ne soient pas affichés, des prestations similaires peuvent coûter jusqu’à 1 800 $. C’était offert—jargon du milieu pour "gratuit"—et je n’étais pas la seule. Une grande maison de mode organisant une table au Met Gala l’avait réservée pour plusieurs invités, eux aussi chouchoutés à la perfection—sans facture.
Ce ne sont pas que les soins. Manucure, coiffure, maquillage—tout coûte des fortunes. Un brushing haut de gamme peut dépasser votre loyer. Si les stars et influenceurs ont ces services offerts ou sponsorisés, nous autres ? Pas vraiment.
Donc si vous prévoyez une nuit multi-soirées : allez-y mollo, connaissez vos limites, et acceptez que certains évoluent dans un univers financier parallèle. Maintenant, allez faire la fête (avec modération).
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Un maquilleur haut de gamme coûte généralement plus de 1 000 $—idem pour un coiffeur. Beaucoup de célébrités ont des équipes attitrées ou des marques qui paient. Même si vous aviez les moyens, l’accès à ces services reste limité. Mon esthéticienne ? Impossible de la réserver en ligne—elle choisit ses clientes. Dernière vérification : elle ne prend personne de nouveau.
Mon propos ? Quand vous voyez une star sur un tapis rouge, son apparence ne tient pas qu’à "boire de l’eau" ou au "Pilates". C’est le fruit de milliers—parfois dizaines de milliers—de dollars, et d’accès exclusifs.
Pour elles, c’est logique. Leur image est leur gagne-pain. Esthéticiennes, maquilleurs, coachs, nutritionnistes, dermatos ? Ce sont des frais professionnels. Mais ne vous comparez pas—ni même à moi au Met Gala. Le jeu est truqué. Mieux vaut investir en bourse.
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Sauf qu’elles aussi perdent leurs amis au bar
Dans mes rêves, j’arrive à chaque after-party entourée d’amis. On rigole en looks stylés, on prend des selfies cools, et les gens cool nous trouvent cools.
En réalité, je débarque seule dans un UberX Toyota Sienna, cherche désespérément le regard du chargé de com’ pour entrer, puis scrute la salle à la recherche de n’importe qui de connu. Peu importe qui—une frenemy, un ex, un potentiel escroc, même un escroc avéré. Je me précipite et mens effrontément sur ma joie de les voir. Pendant ce temps, je spam le groupe : "Vous êtes où ?" suivi d’émojis SOS.
Longtemps, ça m’a complexée. Puis j’ai remarqué des célébrités faire pareil—discussions gênantes, textos cachés dans un coin, scroll compulsif en attente de réponses, verres avalés au bar pour calmer l’anxiété sociale.
Je pourrais philosopher sur notre humanité commune, mais soyons honnêtes : la vie des stars est bizarre et déroutante. Personne n’est cool en permanence. Parfois, on est juste seul·e dans une foule.
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Réfléchissez à deux fois avant de porter ce modèle ultra-découpé
Conseil basique : j’ai vu beaucoup de dérapages.
Kendall Jenner peut porter des tenues que 99% des gens—moi incluse—ne pourraient pas assumer. Les découpes ? Plus risquées qu’il n’y paraît.
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Prenez soin de vos pieds (et de vous)
J’ai des nerfs endommagés dans l’orteil et une fasciite plantaire récurrente à force de rester debout (et, ok, de boire) en talons. La plupart des gens n’ont pas ce problème car, eh bien, ils ne se torturent pas ainsi. Pendant des années, j’ai insensibilisé mes pieds avec un spray pour danser sans douleur. (Métaphore d’un problème plus large ? Passons.)
Maintenant, je traîne à la maison avec une attelle Carex moche et pose des questions sur le glaçage sous un pseudo Reddit.
Faire la fête a un coût—mental, cutané, et dans mon cas, podologique. Le "self-care" peut sonner prétentieux (ou être détourné : "Désolée d’avoir oublié ton anniv’, j’ai trop de trucs !"). Mais tôt ou tard, votre corps vous rappelle à l’ordre.
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"Je me concentre sur mon bien-être en ce moment." Sauf que, soyons sérieux : le self-care compte. La fontaine de Jouvence n’existe pas. Être jeune et fun ne rend pas invincible. Allez en thérapie, démaquillez-vous avant de dormir, et portez des chaussures confortables.
Sur ce, je me prépare pour le Premier Lundi de Mai. Je n’ai aucune idée de ma tenue, des soirées où je suis invitée, ou si cette esthéticienne me recevra à nouveau dans son studio de l’Upper East Side. Mais une chose est sûre—j’ai hâte de tout vous raconter le lendemain.